jeudi 28 février 2008

Un peu de lyrisme à Tor Vergata

"On a besoin d'une voix masculine, vous accepteriez de lire quelques poèmes?" Et me voilà embarqué dans la préparation d'un colloque sur la traduction de la poésie.

Deux poètes espagnols Antonio Gamoneda (Prix Cervantes en 2006, considéré comme le maître encore vivant de la poésie espagnole, en clair un dieu vivant) et Juan Carlos Mestre (on va dire le numéro 2). Pour l'occasion les étudiants de master ont planché sur la traduction en italien d'une dizaine de leurs œuvres. Et nous avons présenté le tout lors de la rencontre qui s'est tenue hier soir et ce matin. Lire de la poésie, c'est déjà pas évident, dans une langue étrangère, ça se corse mais alors avec le poète à côté, je vous raconte pas. Ou plutôt si...

Passé les remerciements à l'université de Tor Vergata sans qui l'organisation de ce colloque aurait été inimaginable (ah!), à l'Instituto Cervantes de Rome, sans qui l'organisation de ce colloque aurait été impossible (nooon!), au Professeur Machin de l'université de Turin, au Professeur Truc de l'université de Palerme (un quart d'heure par biographie) qui ont taaaaant apporté à l'étude de la poésie espagnole en Italie... Sans oublier les stars locales de Tor Vergata qu'il ne faut plus présenter mais quand même.... allez! Dix minutes de présentation par personne. Ensuite on s'entrecongratule... Bref, une heure dans le vent...

Ensuite chacun des prof commence à raconter sa vie, ce qu'il pense de la traduction (et qu'est-ce qu'on s'en fout de ce qu'il en pense d'ailleurs?). La plupart lise leur feuille, ça donne envie de dormir. Heureusement, on a les bonbons siglé "Instituto Cervantes" (wahou le sponsor!) pour nous occuper, on fait passer la corbeille, "sur quoi t'es tombé? Orange? Moi, fraise, tiens.... Oh zut, il n'y a pas de menthe" Bref, Deux heures plus tard, tout le monde est affalé au fond de son fauteil, Alessandro (l'autre voix-mâle) regarde sa montre, aïe, c'est mort pour le match de foot de ce soir...

Vers 20h, soit l'heure à laquelle on devait finir, on s'attaque finalement à ce qui nous intéresse (enfin...) la poésie de Juan Carlos Mestre. Il nous lit, pardon il nous déclame quelques poèmes et là, Mesdames et Messieurs le silence dans la salle. Tout le monde s'est réveillé, a la bouche grande ouverte, on n'entend même plus le bruit de l'emballage des bonbons sponsorisés par Don Quichotte. Ce type a une voix de fou, il s'est complètement approprié son œuvre (et pour cause). En gros, il chante sa poésie. Maintenant plus personne ne pense à partir, tout le monde veut l'entendre encore une fois... deux fois... trois fois... peut-être plus et toujours ce même silence. Tout d'un coup, on nous rappelle à l'ordre, "c'est aux étudiants de lire maintenant". On jette un coup d'oeil à l'ordre, ah bah, c'est Philippe qui s'y colle pour le premier... On me tend un micro et voilà que tout les regards se braquent sur moi... Franchement, je me suis senti nulissime à côté de lui.

Pour les hispanistes, je vous fais partager un de ses poèmes que j'ai lu et qui m'a plu (Oh! Je me mets à parler en rime moi aussi)

Sucede, de Juan Carlos Mestre


sucede que un día viene a cenar apollinaire y no hay nada en la nevera
sucede que nuestra conversación es gratis como propaganda a la salida del metro
sucede un arma corta calibre veintidós y un centímetro cúbico de carruseles belgas
suceden los maniáticos minutos los maniáticos segundos las maniáticas horas
sucede un aroma caliente en las calabazas de pentecostés
sucede un yacimiento de icebergs en la vajilla rota del último sueño
sucede el tic sucede el tac sucede veronal en los relojes viejos
sucede que hay alquimistas en las primeras lluvias
suceden pájaros trompeta mariposas rubias jóvenes anillos de leño
sucede un funicular entre la aurora boreal y los maizales del club paraíso
suceden altavoces de verbena en el deshielo de las pompas fúnebres
suceden vientos niños en las heladerías que soñó petrarca
sucede que al otro lado del teléfono vive acacia de madagascar
sucede la oreja del nautilius en el buzón de las nieves astutas
sucede un centavo de ruiseñor en el monedero de la dormición de la virgen
suceden lágrimas populares incompatibles con el binóculo
suceden manos que cuidan del esparto en el mausoleo de lenin
sucede el extintor de las rosas en el cortejo de las siemprevivas
sucede el apostolillo verde de los semáforos
sucede que voy a contarte las cosas de mi vida tal como eran
sucede un telegrama de nitroglicerina en tu lápiz de labios
sucede que yo te quiero un noventa por ciento más que tu novio.

Bon, en bref, je suis le nouveau fan de ce poète!

Ce matin on passait aux choses sérieuses avec le grand « Maestro » (tout le monde l’appelait comme ça). Le ton est différent, plus de biographies sans fins, on est dans la bibliothèque de la fac, les gens se mettent à genoux quand il commence à parler et moi, je m’endors… Il a une voix super monotone, en plus on est derrière lui ce qui ne facilite pas la compréhension. Lui, il rentre dans la catégorie des poètes qui ne savent pas lire la poésie ; ils seraient d’ailleurs une majorité selon ma prof de littérature espagnole…. Comme la veille, arrive le moment fatidique de la lecture … Je me retrouve à lire un sonnet, trop de la balle !... Je le fais partager aux hispanistes… et aux autres naturellement…

Aquí hubo un amor, hubo una impura
floración de la sangre enamorada,
pero la sangre más desesperada
no tiene un fuego en que incendiar tu hondura.

Como un ángel te vas, como la oscura
juventud del dolor; como una espada
de amarguray de viento, derrotada
por el hierro y la sed de la ternura.

En ti acaba la noche, en tu ribera,
el agua amante y la pasión mordida,
y, en tu boca, mi boca verdadera.

Únicamente porque muere, canta
mi palabra desnuda y retorcida:
hacia ti, como un puño, se levanta.

Le colloque se termine, et on passe aux photos ! Et oui, nous sommes les nouvelles stars de la poésie maintenant ! Alors, d’abord les poètes, puis les poètes et les profs puis, les poètes, les profs et les étudiants, maintenant sans les profs, avec la directrice du Cervantes, c’est mieux… Bref, si j’arrive à mettre la main sur les photos, je les mettrai en ligne.

J’avoue que je suis quand même allé faire signer mon programme (ah oui, on a eu le package Instito Cervantes et tout). Comme a dit Ricardo, un autre étudiant en espagnol, ce poète n’est pas tout jeune, s’il meurt, notre programme prendra de la valeur !

Bon sérieusement, je ne suis pas très sensible à ce genre de cérémonie où on répète 100 fois qu’on n’est les meilleurs et que Dieu est encore plus grand que tout le monde. Antonio Gamoneda, ok, il a eu le prix Cervantès, beato lui, comme on dirait ici. Maintenant, j’ai préféré la simplicité du poète d’hier qui aurait lui aussi son prix Cervantès un de ces quatre, j’en suis certain… !

dimanche 24 février 2008

Un dimanche au Vatican


Aujourd'hui, nous avons décidé d'aller écouter le Pape au Vatican. Attention, ça commence à 12h, la Place Saint-Pierre est pleine à craquer et ça dure une dizaine de minutes donc pas de retard admis! Un peu partout des groupes agitent leur drapeau surtout quand le Pape parle leur langue. Il y a de l'ambiance, si, si, même au Vatican, c'est possible!

Comme vous pouvez le voir, en plus, il fait très beau ! C'est la première fois qu'on peut se balader en t-shirt en pleine journée, c'est bien agréable... Il fait quelle temps dans le Nord? :-p J'ai retrouvé Caroline et sa colloc Elena. On a passé un bon moment.

En voyant le Pape, Caroline a fait la grande découverte de la foi... Ça se lit dans son regard... Quant à Elena, elle fait de délicieuses lasagnes... et un tiramisù divin...! Une vraie Italienne à épouser quoi!

jeudi 21 février 2008

Deux blondes à Rome

Pour continuer dans la série des visites, j’ai reçu Carole et Gwendoline* pour une petite semaine fort sympathique. Il faut préciser qu’elles sont spécialistes dans le ramassage d’individus rencontrés par hasard dans leur auberge de jeunesse…

Tout d’abord il y a eu Jérome-Antoine*, un étudiant français voyageant seul. Pas dérangeant le type, il n’aligne pas deux mots dans une conversation… OK, j’exagère mais disons qu’il était plutôt du genre discret et pas bavard… Et pour être franc plus on faisait les imbéciles, plus il s’écrasait ! En fait, il devait avoir honte d’être avec nous. Le comble de la soirée a été atteint dans le bus du retour, quand nous avons chanté la version remasterisée du fameux Ti amo d’Umberto Tozzi devenu Tchi amô en ch’ti ! Encore une fois les Français se sont fait remarquer, toutefois, un Italien nous a félicité à la descente du bus, cela dit, c’était peut-être ironique… !

Ensuite, elles m’ont ramené Yato (j’ai un doute sur le nom, on va dire que c’est ça). Alors Yato est de nationalité bosniaque, il a grandi en Allemagne et vit en Sicile depuis trois ans. Le pauvre Yato parlait à peine anglais, rien de français bien sûr, en revanche on pouvait parler allemand, bosniaque (!!) et italo-sicilien (en gros, c’est de l’italien avec des mots bizarres !). En bref, toute communications entre les filles et Yato passait par moi !... Coooool ! Vous vous rendez compte du pouvoir que vous avez quand vous êtes le seul à tout comprendre ce qui se passe à une table ?... Gnark gnark gnark…

Après le resto aux 100 types de pâtes (vous savez, là où j’ai piqué un menu une fois), on se dirige vers un pub… Que va-t-on bien pouvoir faire un mercredi soir ? Les filles ont envie de danser mais si on va à Testaccio (quartier des boîtes), il n’y aura pas d’ambiance… Bon, on va voir. Là-dessus, le DJ passe à toutes les tables pour dire qu’à la fermeture du pub il va dans un autre locale et que si on veut le suivre, il n’y a pas de problème. On hésite, on se demande où ce petit bonhomme déguisé en joueur de basket-ball américain va nous emmener mais qu’à cela ne tienne, on le suit !

Il nous emmène dans les petites rues autour de Piazza Navona et nous voilà devant la Maison. La Maison est une boîte de nuit ; vu la manière dont les gens sont habillés, ça a l’air chic. Bon, on n’est pas habillés comme des pouilleux mais voilà quoi. Je me suis dit qu’on allait se faire envoyer balader vite fait, bien fait. Le DJ va parler au videur en lui disant qu’on est avec lui, et nous voilà rentrés ! L’intérieur est encore plus chic que l’extérieur, vestiaire obligatoire, c’est 10€ le vestiaire ? Ah non, même pas. Nous voilà sur la piste de danse, entourés des jeunes Romains branchés mais on perd vite toutes gênes… On est parti pour danser jusqu'au bout de la nuit !

Epilogue : vous me connaissez, les boîtes branchouilles où les gens pètent plus haut qu’ils n’ont le derrière, ce n’est pas mon truc. Renseignements pris, « la Maison » est l’une des boîtes les plus chico-branchées de Rome où il est difficile de rentrer. Nous sommes non seulement rentrés mais en plus, on est passé devant tout le monde ! :-)

Avant de partir, les filles m’ont offert l’écharpe et le bonnet de la Roma (équipe de foot locale). Me voilà habillé en vrai Romain. Au bout de deux jours, j’ai abandonné le bonnet. D’une part, il commence à faire trop chaud pour mettre un bonnet et d’autre part, les gens me regardaient bizarrement… ! Quoiqu'il en soit, merci les filles!

Pour la petite histoire, Rome a deux équipes de football : la Roma et la Lazio. Un jour au supermarché, le caissier et le client devant moi ont commencé à se disputer à cause d’une match de la veille entre les deux équipes. Je venais d’arriver à Rome et vous connaissez ma passion pour le football, en clair, j’y comprenais pas grand chose. Et tout d’un coup, l’un des deux m’interpelle : «

-Et toi ? Tu supportes quelle équipe ?
-Ben, moi, je suis étranger et ça m’est un peu égal en fait…
-Il faut supporter la Lazio alors !
-Non, la Roma!

Et les voilà repartis de plus belle... Ces Italiens et le foot... Tiens, question ouverte aux fans de foot (Bruno?), c'est vrai que le football a été inventé en Italie?


* Les noms de certaines personnes ont été changés pour plus de discrétion…

vendredi 15 février 2008

Les marchés de Trajan


Sur les conseils de Benoît, je me suis rendu avec Léa aux marchés de Trajan. Mesdames et Messieurs, vous avez devant vous le tout premier centre commercial de l'Histoire! On en parle pas mal à Rome parce qu'ils viennent juste d'être rénovés. Les arcades que vous voyez dissimulent un couloir derrière lequel se trouvaient les boutiques.


Vous pouvez voir Léa, jeune Gallo-romaine de Lutèce venue faire les soldes à Rome... Sur la droite, vous avez une œuvre d'art... Ça dépend des goûts, je sais...! J'ai oublié le nom de l'artiste, c'est un Japonais qui fait donc de l'art in situ, tu vois Léa, j'ai bien appris ma leçon! En revanche, je manque toujours de goût artistique pour la chose...


Mon futur pied-à-terre romain. Appart sympathique, petite terrasse ensoleillée en fin d'après-midi, vue sur le Colisée et Piazza Venezia... Une affaire à saisir! :-) L'espoir fait vivre!



Petite logia appartenant à l'Ordre de Malte selon le drapeau rouge frappé de la croix blanche mis en place. Sur la photo, on ne le voit pas, il était replié sur lui-même. Vous cherchez le rapport avec les marchés de Trajan? En fait, il n'y en a pas vraiment. Ça fait partie des bâtiment qui se sont construits derrières les marchés en s'appuyant sur les murs des marchés. Et ci dessous vous avez une tour qui n'a rien d'Antique comme vous pouvez le constatez...!

Et pour finir le Vittoriano ou encore l'Altare della Patria (l'Autel de la Patrie) qui se trouve de l'autre côté de la rue, la via dei Fori imperiali. Il s'agit d'un monument au Roi Victor Emmanuel II (dont vous voyez la statue équestre), célébrant le trentième anniversaire de l'unification de l'Italie (1891 donc). Pour l'instant, il est en rénovation mais vous aurez droit avant mon retour à un message plus détaillé... (Zolie la photo, hein?)

jeudi 14 février 2008

EUR

Aujourd’hui, je me suis rendu à l’EUR, comprenez Esposizione Universale di Roma. C’est un quartier au sud de Rome que Mussolini a fait construire pour l’Exposition Universelle de 1942 qui devait célébrer les vingt ans du fascisme mais qui a été annulée à cause de la guerre.

Comme me le fait remarquer Léa, c’est un quartier à l’ambiance particulière. Rien à voir avec le centre historique de la capitale, ici on sent l’architecture fasciste droite et froide. Le quartier a été construit à partir de 1937. Mussolini et Hitler ont créé l’année précédente l’axe Rome-Berlin, le régime fasciste italien tend de plus à plus à copier le régime nazi et surtout à s’imposer parmi les « grands ». Mussolini voulait donc faire de ce quartier la façade d’un pays puissant, à la hauteur de ses ambitions… qu’il ne tenait pas depuis le début de la guerre, soit dit en passant.

Nous sommes d’abord accueillis par le Palais de la Civiltà del Lavoro (la civilisation du travail). C’est l’image la plus connue que l’on ait de l’EUR même si on ne sait généralement pas de quoi il s’agit ! On ne le voit pas bien mais au rez-de-chaussée du bâtiment se trouvent des copies de statues romaines, on retrouve là le culte du régime pour l’Antiquité romaine. De plus sur les quatre côtés est écrit une message à la gloire du peuple italien : « Un popolo di poeti di artisti di eroi di santi di pensatori di scienziati, di navigatori di trasmigratori ».

Ensuite direction il Museo Nazionale delle Arti e Tradizioni Popolari.

Là, nous avons fait la douloureuse expérience de l'architecture mussolinienne : du marbre partout, de grandes pièces, ça ne se chauffe pas... Aglagla... Le musée part un peu dans tous les sens, je vous laisse apprécier...

Une gondole, s'il fallait la présenter.

Des costumes de toutes les régions d'Italie, la Commedia dell'Arte ne manquait pas à la fête.

Une poterie "Alla salute del mio padrone", je n'ai pas résisté! Ça doit être ironique, ceci dit...

Une partie dédiée aux fétiches et porte-bonheurs en tous genres. C'est l'argument de tous les Indiens qui essayent de vendre plein de petits trucs dans les rues de Rome : "Portafortuna! Portafortuna!", "ta girafe au cou articulé qui chante une chanson débile, je doute qu'elle me porte chance..." Bref, là, il s'agit de petits piments en plastique. Tout le monde a le sien ici, tombant sur une chemise ouverte, ça plus style! Il faut absolument que je m'en procure un pour commencer ma métamorphose ritale (oui, mais pas touche aux sourcils, hein!). ;-)

Regardez ça! Un fer rouge avec mes initiales VP, si c'est pas la classe ça!

Je ne sais pas si c'est le musée de l'année. Ça donne un peu l'impression d'avoir été installé là il y a quelques années et que personne n'y a touché depuis (à en juger par la poussière). Enfin, c'était au moins le prétexte d'une bonne ballade!

(C'est nul comme chute mais je n'ai rien trouvé de mieux!)

mercredi 13 février 2008

13 amis à Rome...

J'attendais les 12&13 février avec impatience. C'était la visite de Bruno et de toute sa tribu sauf qu'à l'aéroport, la tribu s'était élargie : 8 amis-surprises étaient là! Drôle d'effet quand on ne s'y attend pas! Bon, ben, on est parti à la découverte de Rome!

Tout y passe : Piazza del Popolo, via del Corso, Piazza Navona, l'occasion de déguster un bon repas-pizza/pâtes (à 8€ la bière, il pouvait être bon!). Bien sûr, on a fait une halte chez Giolitti (faut-il encore le présenter?). Puis direction Saint-Pierre, l'occasion de faire une belle photo de famille!

Vous remarquerez au passage que certains ont déjà adopté le style romain avec les lunettes de soleil fashion... Je ne citerai pas de noms, je vous laisse juger!

Le soir, petit tour dans la Roma by night... L'occasion de faire la douloureuse expérience des transports en commun. La ligne de métro A est remplacée par un bus à partir de 21h, jusque là pas de problème, on le prend et on arrive à Valle Aurelia.

Mais où est-ce que ce bus nous a planté? C'est quoi ce plan sans noms de rue? Je demande à quelques autochtones qui ont visiblement du mal à être clairs (ne demandez jamais votre chemin dans un troquet après 22h!) : "tu vas par là, et puis tu fais comme ça et comme ça et tu vas tomber dessus" (l'autochtone me fait quelques zigzags avec la main). Me voilà bien avancé...!

On continue notre chemin toujours en suivant notre plan (gracieusement offert par l'hôtel, ils auraient pu se le garder!) et on arrive... dans un cul de sac. On est entre amis, heureux de s'être retrouvés mais quand même... Marie et Catherine m'ont même confié le lendemain qu'elles avaient des doutes sur mes capacités en italien, ma che cazzo dicono?? Enfin, plus d'une heure après avoir quitté la fontaine de Trévi, nous voilà arrivés à l'hôtel avec qu'une envie : faire dodo! Et dire que les filles nous avaient promis un thé dans leur chambre avec les bonnets de bain!

Ah oui! Le bonnet de bain, objet désormais mythique de ces deux jours à Rome, objet-tendance, objet de photos compromettantes... Je suis sûr que certains romains parlent encore de ces étranges touristes français (vous savez comme nous sommes aimés en Italie!) qui faisaient les poissons rouges dans le métro avec leur bonnet de bain à défaut de faire Anita Ekberg dans la fontaine de Trévi.

Le lendemain on repart pour de nouvelles aventures : le Panthéon, le Colisée, le forum romain, Saint-Jean-de-Latran. Heureusement que Benoît est là pour faire le guide. Moi, je prends des notes pour les visiteurs suivants...! Un peu de shopping : on ramène un caleçon façon statue romaine, un tablier avec des pâtes ou un Colisée fluorescent?... Hmm...

Toujours est-il que les meilleures choses ont une fin... C'est l'heure des au revoirs à Ciampino et moi qui me retrouve tout seul à attendre mon bus. Mon téléphone sonne, c'est Marco! Ah non, MarKo! "Philippe, t'es où? T'es encore vivant? Ça fait deux jours qu'on t'a pas vu!", "non, non, tutto a posto per me, j'ai rencontré quelques amis..." Mes chers collocs... ils s'inquiétaient pour moi.

En tout cas, merci à tous les 12 (!!) pour votre petite visite à Rome. Ca m'a fait très plaisir de vous revoir et de vous faire visiter Rome! :-)

dimanche 10 février 2008

Il Carnevalone liberato

Dimanche était organisé à Poggio Mirteto (environ 50km de Rome) “il Carnevalone liberato”. L’association Erasmus proposait de nous y emmener en bus mais avec Léa, on a décidé de s’y rendre tous seuls comme des grands. Le train est bondé de jeunes ayant visiblement envie de s’amuser, ça s’annonçait bien.

A l’arrivée sur le quai, Léa me dit : « tu vas voir qu’il n’y aura personne, juste ceux qui étaient dans le train ». Elle ne croyait pas si bien dire, autour de la gare, il n’y a que quelques maisons, une « baraque à pizzas » et… rien ! Une navette emmène la foule en délire mais elle est encore plus bondée que le train. Qu’à cela ne tienne ! Une dame nous dit qu’il n’y a que 40 minutes de marche, ça monte mais visiblement c’est faisable, alors on est parti ! Oui, mais plus de 40 minutes plus tard on était là :

C’est-à-dire au milieu d’une route sans trottoir, avec des voitures qui passent à toute vitesse, qui nous klaxonnent à volonté, des passagers qui nous hurlent des conneries, un soleil qui commencent à taper et toujours pas de carnaval ! Mais pourquoi a-t-on décidé d’y aller à pieds ? Ou pourquoi cette femme ne nous a pas précisé que c’était 40 minutes en voiture ?

On a croisé ça sur la route, ça veut dire « doucement » mais il semblerait que les automobilistes italiens ne savent pas lire ! Finalement presque une heure plus tard, une voiture s’arrête devant nous, trois jeunes Italiennes nous proposent de nous emmener. Sympa, non ? Mais savent-elles au moins faire la pasta et la pizza ? Hm…

Toujours est-il que 500m plus loin, nous étions arrivés à Poggio Mirteto ! On avait déjà fait le plus gros… Toutefois une fanfare de musique brésilienne était là pour saluer notre arrivée !

Maintenant, pas de problèmes, les rues sont pleines de monde et la fête bat son plein.

Je n’ai pas tout suivi dans l’affaire. Le carnaval serait à la fois…. un carnaval et la fête rappelant la libération de Poggio Mirteto des Etats Pontificaux, sauf que les Etats Pontificaux ont été annexés au Royaume d’Italie en septembre 1870, pas en février… donc en clair, il y a un truc qui cloche ! Pour faire simple, c’est une grosse fête qui prend des allures antireligieuses.

Il y avait un modèle de curé qui devait être brûlé à la fin et beaucoup de gens étaient déguisés en religieux parfois avec des touches plus ou moins poétiques et aussi des hommes déguisés en bonne sœur, un air de film d’Almodóvar…

Une association No Vat était aussi présente. Vous voyez leur slogan, più autodeterminazione, meno Vaticano, il faut tout de même rappeler que l’Eglise est très présente en Italie, le Pape donne régulièrement son avis sur la politique italienne, et que le fait que l’Etat italien payerait la facture d’électricité du Vatican [je n’ai pas vérifié] exaspère beaucoup d’Italiens. L’Italie est un Etat officiellement laïque depuis les années 1980 mais en pratique, ce n’est pas encore ça.

Merci à Caroline pour m'avoir fait partager sa connexion Internet haut-débit! :-)

mardi 5 février 2008

Les examens en Italie

Comme je vous l’ai dit, je suis en plein dans les examens qui sont ici surtout des oraux. Trois appelli sont proposés aux étudiants par session d’examen et on s’inscrit par Internet. A Tor Vergata, ils sont très informatisés, pas de problèmes, quoique… !

Je me pointe à 8h30 pétantes pour vérifier la salle. J’avais pas dormi de la nuit ou presque pas. Tout le monde s’installe, ça bachote dans tous les coins puis arrive le professeur responsable de la chaire d’Histoire contemporaine.

Les étudiants se mettent au garde à vous et on commence l’appel (vous l’avez deviné, appello=appel). Le prof a sa liste et pas de pitié : « Carlo Tortellini », « eccomi ! » (me voilà ! Ca me rappelle les engagements à Lourdes tout ça !), « Maria Peperoni ? », pas là ? Tant pis pour elle, elle est rayée de la liste et fera l’appel suivant et ainsi de suite… Ensuite, il y a la gestion des cas particuliers… A la fin, un groupe d’étudiants retardataires vient à genoux demander au prof de les rajouter sur sa liste. Ca va, dans l’ensemble, il est gentil avec ça, il proteste juste pour la forme.

Ensuite on recommence l’appel… Et oui, ce n’est pas parce que vous vous êtes inscrit pour un examen le 23 janvier que vous allez passer le 23 janvier ! Comment ? Vous n’aviez pas compris ça ? Je suis donc reconvoqué pour le lendemain 14h30 à ma grande surprise…

Retour le lendemain, paradoxalement, je me sens un peu plus cool. Là, on est dans une petite salle et le responsable de la chaire s’installe au bureau et mon prof dans un coin de la salle. Vu de loin, ça ressemble à des confessions ! Sauf que tous les étudiants tendent l’oreille (pas discrètement du tout d’ailleurs) pour écouter les questions. Arrive mon tour… aïe, premier examen en italien. Mon prof est plutôt sympa mais son air académique et sa manière de ponctuer chacune de mes phrases de « sì, sì, certo, certo » me donne de plus en plus l’impression que je suis en pleine confession !

Quant à la pauvre étudiante qui se retrouve au bureau, ça ressemble à un jugement… Tout le monde la regarde et écoute ce qu’elle raconte. Pour mon second exam, je me suis retrouvé à cette place-là, ça fait bizarre. Surtout que d’une part quand elle dit une bêtise, tout le monde l’entend et que d’autre part, si jamais on ne l’entendait pas, le prof appelle son copain à l’autre bout de la salle pour la lui répéter !

A la fin de l’examen, on se retrouve devant le responsable de la chaire d’Histoire contemporaine qui inscrit le résultat sur son grand registre. Quand il a su que j’étais Français, il m’a confié sa souffrance de voir « la [sua] fidanzata » (= Carla Bruni) épouser Nicolas ! Ah oui, ici en Italie, on en parle à toutes les sauces du mariage presque royal (si j’ose dire) entre Nico et Carla…

Tout ça pour dire que j’ai fini (et réussi) mes examens et que je suis en vacances romaines jusqu’au 18 février… Elle est pas belle la vie ?

Tiens, une petite note civilisation, en Italie, on ne dit pas merde pour un examen, on dit « in bocca al lupo ! » (dans la gueule du loup, rien à voir avec notre expression, bien sûr) et on répond : « creppi ! » (qu’il crève !). Voilà, c’était pour la petite histoire ! Donc in bocca al lupo pour ceux qui sont encore en examen !