mercredi 7 novembre 2007

Les Roumains en Italie

Pour changer un peu des sujets « touristiques », je voulais vous parler de quelque chose d’un peu différent. Je vais vous parler de l’immigration en Italie. Certains ont peut-être déjà arrêté de lire ! ;)

L’Italie a été pendant longtemps un pays d’émigration (j’en sais quelque chose, mon arrière-grand-père est venu en France pour trouver du travail…). Depuis les années 1970, le solde migratoire s’est inversé : l’Italie reçoit désormais plus d’habitants qu’elle n’en perd. Ces immigrants venaient le plus souvent de pays européens : ex-Yougoslavie, Albanie. Depuis quelques temps, les Roumains et les Magrebins sont venus s’ajouter à la liste ainsi que des populations plus éloignées : des Indiens, des Pakistanais, Chinois et Africains.

Mais ceux qui ont retenu mon attention ce matin, ce sont les Roumains. Je sentais déjà un certain racisme envers cette population (graffitis du type : mort aux Roumains, les Roumains, rentrez chez vous,…) mais ce que j’ai lu dans le Métro m’a laissé perplexe. Une jeune Roumaine écrivait :

« J’appelle aux Italiens : ne généralisez pas. Les Roumains et les Roms sont deux catégories de personnes complètement différentes. Les Roumains ne doivent pas tous souffrir pour une espèce que nous n’avons jamais considérée nôtre. Je suis Roumaine, je vis légalement en Italie, je paie des impôts comme vous tous. Les Roms sont depuis toujours la honte de notre pays, ils ne se sont jamais intégrés, ils ne travaillent pas et nous avons toujours été accusés de racisme envers eux, une situation incontrôlable, un peu comme la mafia en Italie. Le problème est qu’ici, on manque de lois sévères, maintenant, (je l’espère aussi), on fera quelque chose. Vous vous êtes déjà demandés pourquoi ils n’allaient pas au Royaume-Uni, en Allemagne ou en France ? »

Les propos de cette jeune femme m’ont marqué. Avant tout parce qu’en tant qu’étrangère dans un pays, elle encourageait au racisme envers une autre catégorie de personnes, ce qui est pour le moins paradoxal, et ensuite parce qu’ils reflètent, ce que doivent vivre les Roumains au quotidien en Italie.

Cet après-midi, j’en ai parlé avec une autre étudiante Erasmus française qui m’a dit avoir vu un contrôleur dans le métro mal se comporter envers une Roumaine. Elle lui a présenté son abonnement et lui, lui a répondu que les abonnements étaient réservés aux Italiens et l’a déchiré devant des tas de gens qui n’ont pas bougé. Quand le contrôleur a demandé son titre de transport à cette étudiante, il l’a regardé bizarrement mais quand elle a dit qu’elle était étudiante Erasmus française, il l’a laissée tranquille.

Et comme c’était la journée, je me suis fait interviewer par deux étudiants à la fac. Ils m’ont dit faire un documentaire sur les Roumains en Italie. Ils ne m’ont posé qu’une seule question : « Quelles mesures l’Etat doit prendre contre les Roumains après l’assassinat qui vient de se produire ? » A la base, j’ai trouvé la question terriblement orientée ! Je leur ai juste répondu que les assassins n’avaient pas de nationalité, qu’on faisait beaucoup de tapages autour de cette histoire parce que les assassins étaient Roumains et qu’on parle sans doute moins des crimes commis par les Italiens.

Je focalise peut-être parce que je suis à l’étranger et que j’observe plus ce qui se passe autour de moi. La situation de nos immigrants n’est peut-être pas plus brillante, je ne sais pas.

Qu’en pensez-vous ?

5 commentaires:

Justine a dit…

Coucou Philippe !
Eh oui, que ça soit en Europe ou ailleurs, le fléau du racisme nous poursuit partout ! Et même dans une aussi grande ville que Barcelone ! Dans le journal de la semaine derniere, on pouvait lire d'un controleur avait agit avec racisme envers un passager noir....La différence, c'est qu'une soixantaine de passagers se sont rebellés !!!
Si le racisme ne s'arrête pas aux frontières, j'espère que la solidarité non plus !!

Bisou de Barcelone !

Anonyme a dit…

coucou
Effectivement j'ai entendu moi aussi beaucoup de commentaires racistes envers les roumains à Savignano-sul-Rubicone. Mais celui qui m'a le plus choqué c'est celui qu'a fait ma colocataire, je ne saurais pas retrouver les paroles exactes mais selon elle les Roumains étaient à considérer comme des moins que rien , limite comme des chiens. Elle a fait ce commentaire juste après le viol de cette femme à Rome. Ca m'a profondément choqué parce que moi qui suis petite-fille d'immigrés j'ai une attitude assez prononcée contre toute forme de racisme et je sais bien que toutes les personnes d'une même nationalité ne sont pas à mettre dans le même sac (c'est comme si parce que mon grand-père était calabrais il faisait automatiquement partie de la N'drangheta) J'ai essayé de lui faure comprendre ça mais sans grand succès apparemment. Enfin nous avons déjà vu que ma coloc pouvait être très bizarre...........
bisous de Savignano (et encore merci pour le conseil vodafone puisque je t'écris de ma chambre lol)

Anonyme a dit…

"Avant tout parce qu’en tant qu’étrangère dans un pays, elle encourageait au racisme envers une autre catégorie de personnes, ce qui est pour le moins paradoxal..."

Tu sais, c'est typiquement le genre de chose qui semble paradoxal aux Français (par exemple), mais pas du tout aux étrangers qui sont en situation d'immigration, en particulier ceux qui se donnent du mal pour s'intégrer et se comporter bien : ils sont immensément vexés quand leurs compatriotes se comportent mal, parce qu'ils sont mis dans le même sac et que cela réduit à néant tous leurs efforts. Il sont donc très durs et très critiques (comme tu t'en doutes, je parle d'une expérience sans lien avec les Roumains !)
Et en Roumanie, il faut ajouter le problème du racisme anti-rom, qui est latent déjà avant que l'immigration vienne s'y ajouter. Dans toute l'Europe centrale je crois, les Roms, tsiganes etc. sont très majoritairement rejetés, et il faut rappeler que dans ces pays très "brassés", les gens sont extrêmement sensibles à la différence entre nationalité (ethnique) et citoyenneté. Alors que du point de vue d'un Français ou d'un Italien, un Roumain-roumain ou un Roumain-rom, c'est du pareil au même. Par conséquent, la fille que tu as lue dans le métro, elle serait déjà très mécontente si le viol avait été perpétré par un Roumain-roumain, mais vu que c'est un Roumain-rom, c'est bien pire à ses yeux.

Flam' a dit…

Je comprends ce que tu veux dire Sonka mais je trouve que la démarche reste quelque peu paradoxale... Maintenant, j'ai l'impression que l'Histoire de ces Roms est complexe, les Italiens disent que le vol fait partie de leur culture, c'est bien la première fois que j'entends dire ça d'un peuple. Il y a bien un problème quelque part! C'est un problème social plus qu'un problème de culture...

Anonyme a dit…

Thanks for writing this.